Loading

Cet article est disponible en : 🇩🇪 Allemand

France Gall

La Marianne silencieuse

Solène M’Bali Sceau d’auteur

✍️ Solène M’Bali

📖 Lire la biographie
📰 Média : La Dernière Cartouche
FRance Gall

🇫🇷 NOTE🇩🇪 HINWEIS
Cette vidéo réunit l’intégralité des images de France Gall en coulisses et en entretiens, extraites de la vidéocassette Portrait en tournée.
Elle retrace la période 1987–1988 autour de l’album Babacar : sur scène, sur les routes, pendant le montage du concert Le Tour de France 88 et le tournage du clip Papillon de nuit.

La restauration du son et de l’image est le fruit d’un travail personnel à partir d’archives privées. Certains documents endommagés peuvent présenter des imperfections.

Toutes les vidéos appartiennent à leurs auteurs. Elles ne sont utilisées à aucune fin commerciale, et sans intention de nuire aux ayants droit cités.
Ce projet vise simplement à offrir aux admirateurs de Michel et France l’occasion de redécouvrir un moment où France Gall était à l’apogée de sa carrière.

Dieses Video vereint sämtliches Bildmaterial von France Gall hinter den Kulissen und in Interviews aus der Videokassette Portrait en tournée.
Es zeichnet die Jahre 1987–1988 rund um das Album Babacar nach – auf der Bühne, unterwegs, beim Videoschnitt zum Konzert Le Tour de France 88 sowie beim Dreh des Clips Papillon de nuit.

Ton- und Bildrestaurierung beruhen auf privater Archivarbeit. Einzelne beschädigte Aufnahmen können Unvollkommenheiten aufweisen.

Alle verwendeten Videos sind Eigentum ihrer Urheber. Sie werden nicht kommerziell genutzt, und es besteht keine Absicht, Rechteinhaber zu schädigen.
Dieses Projekt will allein bewirken, dass Bewunderer von Michel und France jene Zeit wiederentdecken können, in der France Gall auf dem Höhepunkt ihrer Karriere stand.

Un portrait de Solène M’Bali

Certaines voix n’appartiennent pas à la musique. Elles appartiennent à une nation. France Gall était l’une de ces voix. Non pas parce qu’elle était forte, mais parce qu’elle persistait. Dans les couloirs de la mémoire collective, dans le silence qu’on écoute autant qu’un refrain, dans les interstices du cœur français, là où le murmure pèse plus que le cri.

Je n’écris pas ici en critique musicale, mais en femme, en Française, en quelqu’un qui a toujours entendu dans sa voix quelque chose qui dépassait les modes, les ondes, les décennies. France Gall n’était pas une pose. Elle n’était pas un produit. Elle était une présence. Et elle eut le courage de se retirer de cette présence quand elle ne s’y reconnaissait plus.


Née en 1947 sous le nom d’Isabelle Geneviève Marie Anne Gall, elle portait un nom long, presque solennel. Elle le remplaça par un autre, plus doux, plus clair. Fille du parolier Robert Gall, son destin semblait tracé. Et pourtant, personne ne pouvait deviner à quel point cette destinée allait se fondre dans l’âme même de la France. Elle chantait jeune, elle chantait clair, elle chantait « inoffensif ». Et dès les premières notes, on percevait déjà ce mélange de cristal et de cendre, de naïveté et de réserve.

En 1965, elle remportait l’Eurovision avec “Poupée de cire, poupée de son”. Le texte était signé Serge Gainsbourg, et le malentendu fut durable. France Gall, encore adolescente, devenait l’incarnation d’une jeunesse rêvée, maniée, manipulée. Elle comprit trop tard que la chanson se moquait d’elle autant qu’elle l’élevait. Le public l’adorait, les caméras l’enveloppaient. Mais dans son regard, il y avait déjà un doute.

Les années suivantes furent plus discrètes. Elle se retire du cirque médiatique, lasse d’être un masque. Jusqu’à ce que le destin mette sur sa route Michel Berger. Avec lui, une autre France Gall surgit – libre, grave, sincère.

Leur union, artistique et intime, fut une renaissance. Elle revenait à la musique, mais à ses conditions. Finies les poupées, place à la femme. “Résiste” (1981) n’était pas un slogan, c’était une préghère laïque. “Il jouait du piano debout” saluait ceux qui n’acceptaient pas de s’asseoir, même quand tout l’exigeait. Et “La déclaration d’amour” était déclaration à la vie.

Puis vinrent les grands albums : “Babacar” (1987), témoignage bouleversant d’une rencontre au Sénégal avec une mère démunie. “Ella, elle l’a”, hommage à Ella Fitzgerald, mais aussi cri doux contre le racisme et l’effacement. “Évidemment”, composée après la mort de Daniel Balavoine, était un deuil en musique, sans misérabilisme, avec cette pudeur rare.

France Gall ne militait pas. Elle agissait. Sans tambour ni pancarte. Elle soutenait des projets pour les enfants en Afrique, présente sans se montrer. Elle croyait à une culture de la responsabilité discrète, à l’élégance de ceux qui savent et se taisent.

La mort de Michel Berger en 1992 la brisa. Sa fille Pauline, atteinte de mucoviscidose, s’éteignit quelques années plus tard. France Gall ne pleura pas en public. Elle se retira. Elle ne vendit pas sa douleur. Elle ne fit pas de son silence un drame, mais un espace. Son dernier concert date de 2001. Ensuite, le retrait fut total.

Elle s’éteignit le 7 janvier 2018, à Neuilly-sur-Seine. Et ce jour-là, la France se tut. Pas de tumulte, pas de pathos. Juste ses chansons. Juste cette impression que quelque chose de très précieux venait de disparaître.

France Gall n’était pas Marianne. Mais elle aurait pu l’être. Elle en avait le regard, la réserve, la force secrète. Non pas une figure de bronze, mais une silhouette de voix. Une République qui doute, qui console, qui n’impose rien.

Et pour cela, je lui dois beaucoup.

Solène M’Bali

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *